Editions du Cheval Vert livre pour enfants Manuel utilisateur
Maquette d'un livre pour enfants,
mode d'emploi.
Il était une fois un éditeur de livres pour enfants.
Il a pour l’instant imprimé quatre livres dans une première collection.
Un auteur vient le voir avec un texte, qui pourrait
être le texte du premier numéro d’une deuxième collection...
L’éditeur demande à une graphiste un devis * pour faire la mise en page de cette nouvelle collection.
Cette graphiste connaît une illustratrice qui aimerait sûrement dessiner cette histoire.
C’est ainsi que tout commence...
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et, l’histoire du premier livre, sur la vie d’un petit singe qui decouvre des indiens
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L’auteur envoie son histoire – le texte n’est pas définitif – à la graphiste et
à l’illustratrice. Des photos de la thèse de Lévi-Strauss leur permettront de se plonger dans l’ambiance.
« Peux-tu dessiner simplement des situations que cette histoire t’inspire juste pour voir si ton style convient ?
Et combien 12 planches coûteraient ? »
Le rôle de la graphiste est de faire dialoguer un texte et des éléments graphiques. Pour cela, elle recherche des symboles *** qui lui inspireront des matières, des images, des assemblages, attendus ou non!)
« Quel(le) animal totem **** ou chose pour toi représenterait au mieux l’ethnologie ? »
« Le format, le papier, le brillant doivent-ils
être ceux de la première collection ? »
« Le bandeau vert est-il incontournable ? »
(*) Un devis est une estimation des prix réalisée avant l’exécution de travaux, ou avant l’achat d’un bien.
et culturels des groupes humains.
Le nom totem désigne aussi la représentation de cet animal choisi pour totem, parfois sous forme de sculpture verticale...
« Je vous envoie
à tous ce qui m’est venu spontanément, car j’ai absolument besoin de spontanéité pour dessiner ! »
Bérengère envoie par mail * les dessins nés de son imagination et de lectures faites à la bibliothèque.
« Tout à fait partant. »
« Je suis fan ! »
« Oups. ça va pas être évident de faire sérieux avec la tête du singe !) mais j’adore !
La gamme de couleurs est très agréable et dépaysante. »
« Comme totem il y aurait bien sûr le petit singe, mais c’est peut-être maladroit pour une collection ethno (qui parle des hommes !).
L’ethno regroupe des tas de secteurs, parfois assez proches de nous (campagnes, clubs de sport divers, etc.) Difficile... »
La botte
« Je ne peux m’empêcher de penser à la botte, mais il est vrai que je suis influencé par les dessins et que j’ai le net sentiment que cette image ressort d’une manière affective plus que rationnelle.
Toutefois, il n’est pas impossible que cette influence du dessin révèle une réalité sous-jacente dans mon texte.
La botte est une sorte de doudou dans tous les sens du terme :
- un objet transitionnel ** (comme disent les psys),
lié à l’affect d’une mère (pour ce singe qui l’a perdue, et dont il retrouve ainsi le cuir et sans doute l’odeur...),
- mais aussi transitionnel géographiquement puisqu’elle permet les voyages,
- et encore transitionnel aux personnages, puisqu’elle assure le lien entre le singe et Claude...
...alors même que j’ai justement fait du singe une sorte d’hypostase * de Claude.
C’est aussi l’objet de la civilisation qui permet d’entrer dans un autre monde où, justement, il n’y a pas de chaussures !
Le sable
S’il fallait chercher un autre symbole, le sable me vient à l’esprit, « qui donne la même couleur aux gens » (comme dit la chanson, et Lévi-Strauss), et une marque de cette région. Peut-être plus difficile à figurer pour toi ? »
,
« Il serait intéressant que le graphisme montre que
dans le texte deux niveaux d’écriture cohabitent :
- une sorte de paraphrase ** de la thèse de Lévi-Strauss qui pointe les us et coutumes propres aux Nambikwara
(nomadisme et abris précaires, couchage à même le sol,
éducation, élevage des animaux, parures, échanges)
- et un récit support, proprement fictif...
Pieds de pages
J’ai lu un jour un album pour enfants qui jouait avec la pagination : un petit personnage jouait avec
chaque numéro... J’aime l’idée, ludique. »
« Le format, le papier, le brillant doivent être ceux de la première collection pour pouvoir imprimer en amalgame *** ce qui réduit les coûts. »
« Le bandeau vert n’est donc pas nécessaire si tu as d’autres idées pour faire en sorte que les deux collections soient cousines... »
« En voyant les planches parfois délirantes de l’illlustratrice, une idée folle me vient : confronter photos documentaires de Lévi-Strauss, magnifiques, et les dessins imaginaires ?
Les personnages-chats ne sont pas réalistes, même s’ils possèdent habilement les caractères ethnologiques des indiens, la botte est en caoutchouc et non en peau etc.
Mais se pose la question du droit d’utilisation des images ****... »
(*****) Grammage papier : poids d’une feuille de papier ou de carton en grammes au mètre carré.
Leur association permet la création de toutes les couleurs.
Envoi par mail des premières maquettes.
Il est néanmoins très important de présenter oralement les projets pour expliquer, réagir...
« Comme le dessin du singe sur la botte,
botte tout le monde, je propose de l’utiliser en couv avec cadrage large ** et de le réutiliser en intérieur pour garder la surprise...
Une bonne entrée en matière!)
L’idée de la botte est déclinée sur la couv pour signifier
(sans être spécialement réaliste) une page de carnet arrachée...
Lévi-Strauss tenait un carnet de voyage où il faisait des croquis, prenait des notes.
Cette juxtaposition de petites bottes m’a fait penser à un cheminement qui pourrait animer les pieds de pages (jeu de mots). Ce système permet de plus aux plus jeunes de visualiser le chemin déjà parcouru dans le livre...
Le graphisme n’est pas simplement gratuit mais participe au sens.
Plus anecdotique, la couverture souple peut laisser le loisir aux plus observateurs, de faire avancer la botte en faisant défiler rapidement les pages, par un jeu de dessins animés...
(*) Couv est l’abréviation de la couverture d’un livre dans le vocabulaire de l’impression.
(**) Un cadrage large, qui s’oppose à un cadrage serré, laisse à voir au spectateur, une large vue et non pas seulement un détail.
Du tissu
« Le tissu est une matière qui évoque pour moi l’ethnologie.
Un tissu à la structure bien visible pourrait symboliser le savoir-faire humain, le tissage de liens entre les hommes, et la spécificité de chaque région
(spécificité/variété)...
La tranche des livres est ce que l’on voit en premier sur l’étagère, elle est importante pour identifier un livre. Les livres de la nouvelle collection seraient comme des tissus sur les étagères. »
En cherchant sur internet une image de toile de jute, une photo de magasin de tissus retient mon attention.
J’aimerais qu’à chaque livre soit associé un tissu, une matière qui lui donnerait son identité propre au sein de la collection...
La graphiste propose de « couper » le singe pour attirer l’attention sur les toutes premières pages...
Pour les plus jeunes, cette farce n’est pas toujours drôle car ils pensent que le singe est réellement coupé !
Un peu comme avec le jeu de cache-cache, c’est l’occasion d’appréhender l’absence (de vue)...
Avec une page séparatrice ce serait encore plus amusant mais le nombre de pages sera vraisemblablement insuffisant ; le texte est long.
Détourer* le singe permet d’animer certaines pages.
donc délimiter le contour de l’objet. Une fois détourée, l’image présente des contours irréguliers (au lieu d’un contour rectangulaire) correspondant à l’objet que l’on a extrait.
Le travail des polices *
Pour faire ressortir graphiquement aussi les deux niveaux d’écriture dont parle l’auteur, le plus simple est d’utiliser des polices différentes, voire deux couleurs.
La police courrier est une police proche de celle des vieilles machines à écrire
(tous les caractères ont exactement la même largeur), elle conviendra pour le côté réaliste, c’est un peu l’écriture des rapports écrits... – Marron, couleur de sable.
La police century gothic est une police
« ronde » et très lisible qui contrastera pour le reste du texte.
« Pour donner un air de famille aux deux collections, j’ai travaillé des lettrines**, avec
à l’intérieur la matière de toile de jute***... »
Le travail de la graphiste est d’utiliser les polices, les couleurs, les tailles de lettres, les images etc., pour hiérarchiser, ordonner, embellir ?, un texte.
Exemple de lettrine : Image de la majuscule C du Sacramentaire de Drogon.
(**) Une lettrine est une lettre initiale majuscule placée en tête d’un texte et occupant une hauteur supérieure à la ligne courante.
textiles, appelées aussi chanvre de Calcutta.
(*****) Le corps typographique est la taille d’une fonte de caractères, mesurée en points.
on obtient un caractère demi-gras, puis gras, etc.
(*******) Une même police peut être « normale », « italique » c’est-à-dire inclinée vers la droite etc.
La graphiste propose l’utisation d’un dessin d’enfant et du signe
∞
qui signifie infini (qui n’a pas de fin) pour représenter les éditions du Cheval Vert.
« Le petit cheval ne me convainc pas complètement. »
« La référence à la 2 CV est drôle, correspond
à l’esprit littérature jeunesse, mais ne me semble pas tout à fait cadrer avec ma ligne de relier sciences humaines et édition jeunesse, qui reste assez classique et scolaire. La 2CV,
ça fait un peu trop penser à Gaston, pas assez
à Platon ! »
Une autre idée...
Le logo final est celui-ci.
Le sable
Ce que j’aime dans l’idée du sable ainsi traitée, c’est l’idée de « sacrilège » ! Petite fille, j’étais très soigneuse et je me souviens que sur la plage, ma mère avait la hantise d’abîmer ses livres avec du sable. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi et au contraire, je trouvais même cela rigolo. Les enfants aiment rire de ce qui est défendu...
« Si les droits pour les photos sont trop chers, Bérengère, te sentirais-tu capable de les « reproduire » en peinture realiste ? »
« Non ! »
Comment intégrer les photos de la thèse de Lévi-Strauss à l’album et exprimer que l’histoire s’appuie, en trame de fond, sur du réel ?
Une première idée est de les placer simplement sous le texte, avec un encadrement « vieille photo » (petit clin d’oeil historique) ; une seconde, de les mettre en trame de fond, atténuées...
Cette dernière est abandonnée, même si esthétiquement elle plaît bien à l’auteur : elle parle plus aux adultes qu’aux enfants.
L’enfant est bien le lecteur à toucher en priorité.
La lecture des images en trame de fond n’est pas immédiate aux enfants.
L’auteur prend contact avec les héritiers de Lévi-Strauss pour se renseigner sur le coût de sept ou huit photos utilisées en vignettes dans le projet d’album...
L’accueil est très chaleureux et l’autorisation d’utiliser les photographies est obtenue rapidement.
Un petit tortillon dans l’histoire...
,
, ,
, , , par l’illustratrice ne le satisfait pas, de plus un trop long texte
, ,
, ,
aux illustrations, et le renvoie a la graphiste qui pensait simplement oter quelques mots de ci de la !,
« Très content de votre travail, je pense qu’une couverture cartonnée le mettrait en valeur.
D’autre part j’ai, depuis mon premier jet *, réduit par quatre mon texte, et je pense vraiment que des pages supplémentaires deviennent nécessaires.
Du coup, je sais que ça ne va pas vous plaire, mais j’aimerais passer
à un format carré, lequel me plaît particulièrement. »
« Pas tout à fait partant...
Ces changements impliquent de ne plus imprimer les ouvrages de la nouvelle collection en amalgame avec ceux de la première et donc, des coûts d’impression nettement supérieurs !
« Il faut que je me replonge dans l’histoire ! »
« Oups. Tu n’es pas sérieux ?) Sont marqués dans notre contrat le nombre de pages, le format, etc.
C’est un gros travail tout ce remaniement...
,
, auteur s’entendent materiellement sur
,
,
est signe avec graphiste et illustratrice...
Quatre illustrations de plus, un montage-photos et des droits nouveaux
L’auteur indique le titre exact de l’album, son choix de photos ; fournit à la graphiste les éléments pour la quatrième de couv *, des citations pour accompagner le montage-photos.
(*) On appelle 4
è
de couv le dos du livre ; la 1
ère
de couv le « dessus » du livre. La 2
è et la 3
è
de couv sont les parties intérieures de la couverture...
L’illustratrice se remet à ses pinceaux.
Parfois, l’illustration ne satisfait pas l’auteur d’emblée, une deuxième version est demandée.
Et parfois, finalement, des éléments du premier dessin sont isolés et mis en scène...
Parfois la graphiste, avec un logiciel de retouche d’image *,
évite à l’illustratrice de refaire toute une illustration en « gommant » ou « collant » un élément...
« Les enfants, méfiez-vous des images, elles sont maintenant faciles à tranformer ! »
L’auteur voulait que le singe dorme sur la tête de la petite fille.
La version finale reprend le bandeau vert car, sans cela, le changement de format fait perdre
à l’édition son unité...
Refaire les illustrations en format carré est impossible, la présence des bottes sur les pages d’illustration aussi permet de ne pas toucher au format des illustrations.
Le singe jouera du coup à cache-cache derrière une page intermédiaire...
L’éditeur fournit à la graphiste les codes
ISBN * et EAN ** de l’ouvrage.
La graphiste vérifie que les propiriétés de toutes les images, les polices, sont conformes pour l’impression.
Relecture générale et attente anxieuse et impatiente du produit fini !)
La suite dira si l’album donnera autant de plaisir aux enfants a le lire
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?
d’identifier, de manière unique, chaque livre publié. Il est destiné à simplifier la gestion informatique du livre : bibliothèques, libraires, distributeurs, etc.
(**) Le code EAN (European Article Numbering) est un code-barres utilisé par le commerce et l’industrie

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