ED 131 FICHE PRATIQUE DE SÉCURITÉ Cette fiche de sécurité propose des repères visant à aider aux choix d’acquisition d’équipements de travail permettant aux personnes qui travaillent debout de s’asseoir et aux personnes qui travaillent assis de pouvoir, si elles en expriment le besoin, travailler en position debout. Prévention des risques liés aux positions de travail statiques LES DIFFÉRENTS TYPES Alors que le code du travail prévoit qu’un À contrario, la position assise prolongée « siège approprié est mis à la disposition de favorise la survenue de troubles musculos- chaque travailleur à son poste de travail ou quelettiques des membres supérieurs et à proximité de celui-ci » (article R. 4225-5), une du dos et l’apparition de troubles circula- La position debout permet une grande enquête de la DARES [1] fait apparaître que, toires [2]. liberté de mouvements, élargit la zone de DE POSITIONS vision et augmente ainsi l’aire de travail pour l’ensemble des catégories socioprofessionnelles, plus de 25 % des salariés se plaint Ainsi, doivent être prises en compte les disponible. Elle facilite les efforts, favorise le de la position debout ou du piétinement; contraintes spécifiques aux différents types travail de l’ensemble des muscles et permet ce chiffre atteignant même 49 % pour l’en- de positions afin de les intégrer dès la l’utilisation du poids du corps. À l’inverse, la semble des ouvriers, qualifiés ou non. conception des situations de travail [3]. station debout prolongée peut se traduire par une sensation d’inconfort due à La position assise favorise la réduction du ÉLABORER UN CAHIER l’insuffisance circulatoire (jambes lourdes…). coût physiologique et de la fatigue. Elle DES CHARGES FONCTIONNEL Elle favorise aussi l’apparition de douleurs contribue à la stabilité du rachis et convient du dos. La contrainte posturale peut être aux travaux de précision et de réflexion. Quelle que soit la situation de travail, il est possi- soulagée par l’appui d’une partie du corps [4]. À l’inverse, elle limite l’aire de travail, ble et préférable de l’aménager de façon à faire diminue la force musculaire et peut générer, disparaître les contraintes plutôt que d’avoir à lorsqu’elle est prolongée, une gêne de la s’ajuster à elles. Le moyen d’assise doit ainsi per- circulation sanguine. mettre aux utilisateurs de travailler debout à Remarque Toutes les positions statiques de travail prolongées sont néfastes, mais le maintien de la position assise l’est plus encore du fait de la perte de la courbure lombaire et de l’étirement permanent des muscles du dos (voir figure 1) [5]. chaque fois qu’ils en expriment le besoin (voir figure 2). Ne pas rester dans une position sta- tique, privilégier une activité de travail dynamique en passant de la position assise à la position debout (et inversement) et en se déplaçant constitue ainsi une première réponse en terme La position assis-surélevé est dépendante de prévention des maladies professionnelles [6]. de nécessités techniques, de tâches à hauteur de Le moyen d’assise ne doit être considéré, ni isolé- travail variable ou du maintien du niveau de ment, ni comme moyen d’ajustement à un vision à celui des personnes debout. Elle présente besoin insuffisamment exprimé. Il fait partie Figure 1. les mêmes avantages de confort que la posture d’un tout. 1a : la position assise se traduit par un mouvement de rotation du bassin vers l’arrière qui entraîne à son tour une diminution de la courbure lombaire et un « dos rond ». 1b et 1c : les positions assis-debout et debout génèrent une rotation moins importante du bassin permettant le respect de la courbure lombaire physiologique et des autres courbures du rachis. assise. À l’inverse, elle se traduit par une plus grande difficulté pour manipuler et positionner À chaque situation son siège le moyen d’assise face à un poste de travail. Elle Toute situation de travail peut être aménagée en augmente le risque de chute en s’asseyant ou en se donnant pour objectif d’améliorer le confort, la se levant ainsi que celui de trébucher sur sécurité et l’efficience du travail. De ce point de l’embase. Le repose-pied peut se révéler vue, le siège constitue un outil de travail à part inconfortable lors de la montée/descente du entière qui contribue à cet objectif. Le choix est siège. Le passage des jambes sous le plan de spécifique à chaque situation en acceptant l’idée travail ne doit pas être empêché. que le siège ne soit pas utilisé de façon continue. La position assis-debout convient à des À chaque utilisateur son siège situations où il est possible d’adopter une Le siège doit être adapté et adaptable aux carac- position entièrement assise ou une position téristiques de ses utilisateurs. Il doit permettre à associant la position assise et debout. tout un chacun de pouvoir l’utiliser quel que soit Elle contribue au soutien d’une partie du poids du son genre, son âge… On sera attentif à la simpli- corps et facilite la remise en position debout. À cité des moyens d’ajustement des différents élé- l’inverse, elle limite l’aire de travail mais de façon ments du siège. Le besoin de changer de position moins importante que la position assise. En en cours de journée, d’adopter des postures non outre, la compression locale prolongée au niveau conventionnelles, de se lever ou de s’asseoir sans de la partie postérieure des cuisses peut contrainte, doit, de même, être satisfait. entraîner une gêne circulatoire. Figure 2. Transformation d’une situation de travail à partir de l’analyse de l’activité et réalisation d’un cahier des charges fonctionnel. 2 Fiche pratique de sécurité ED 131 Figure 3. Le siège et ses déterminants. (suite page 4) REPÈRES TECHNIQUES SUR LES MOYENS D’ASSISE LES PLUS COURANTS TYPES DE SIÈGES Assis normal CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES [9] 370 ≤ H ≤ 535 mm Densité moyenne de mousse pour l’assise : 55 kg/m3 Densité moyenne de mousse pour le dossier : 40 kg/m3 Dimensions assise : 460 x 400 mm Dimensions dossier : 460 x 460 mm Les roulettes autofreinées sont autorisées sur des sièges de hauteur inférieure à 540 mm. Normes prises en référence : NF EN ISO 14738 [7] NF EN ISO 9241-5 [10] NF EN 1335-1/2/3 [11] NF EN 527-1 [12] Assis-surélevé, également appelé « siège haut » 745 ≤ H ≤ 905 mm (voir norme NF EN ISO 14738 [7]) Les roulettes adaptées au sol sont interdites sur les « sièges hauts ». Jusqu’à une hauteur H ≤ 650 mm [11], les « sièges hauts » peuvent être munis de roulettes autobloquantes. De façon générale, un piétement à patins ou en tulipe peut être envisagé. Assis-debout 630 ≤ H ≤ 840 mm (voir norme NF EN ISO 14738 [7]) Sièges permettant de travailler en appui sur des plans de travail à hauteur de 800 mm et conçus pour soulager la pénibilité d’un travail debout effectué en continu. USAGE ET RECOMMANDATIONS Le choix doit être fait en s’assurant de la possibilité : d’accéder facilement à tous les moyens de réglages, de régler l’appui lombaire, de régler les accoudoirs et de les escamoter, de régler l’inclinaison de l’assise sur l’avant (une assise dite à inclinaison négative d’environ - 5° favorise le redressement du buste), de favoriser un maintien « correct » du dos avec un dossier qui ne limite pas les mouvements des bras. Le siège assis normal doit être muni d’un piètement à 5 branches*. Pour éviter de rouler sans charge non intentionnellement, il est doté de roulettes adaptées aux caractéristiques du sol (sol dur, sol mou). La dimension du gabarit pour l’emplacement des jambes sous le plan de travail prévoit une hauteur de 650 mm (hors prise en compte des repose-pieds) et une profondeur de 600 mm [12]. En plus des recommandations s’appliquant au siège assis normal, on doit s’assurer que : le travail ne peut pas être effectué dans une position « assis normal », le siège demeure stable dans toutes les phases de son utilisation, le repose-pied est réglable en hauteur dans une plage allant de 210 mm à 535 mm. Un piétement en tulipe renforce les contraintes de positionnement du siège à la distance voulue du plan de travail. Il existe de nombreux types de sièges assis-debout qui se différencient par l’assise (tubulaire, inclinée, en forme de selle…) et par l’embase (fixe, piétement à disque ou tubulaire…). Le choix doit se porter sur des sièges : stables et sans risques de basculement, ayant une surface de contact assis relativement souple, avec des réglages aisés d’ajustement Les sièges « assis-debout » ne doivent pas de la hauteur, être mobiles pour des raisons de sécurité. légers, escamotables ou faciles à ranger À cet effet, différents piétements fixes sont lorsqu’ils ne sont pas utilisés. proposés : en tulipe, en T, en H à patins… * Le piètement 4 branches est réservé aux sièges de réunion ou aux sièges visiteurs. Un piètement de type traîneau permet une assise souple et un déplacement plus silencieux du siège de réunion. ED 131 Fiche pratique de sécurité 3 TYPES D’ASSISE PARTICULIERS* TYPES DE SIÈGES DESCRIPTION USAGE ET RECOMMANDATIONS Assis bas modulable Siège à assise inclinable et réglable en hauteur. Assise pouvant être utilisée comme appui ventral lorsque l’opérateur est à genoux. Ce type de siège peut être recommandé dans le cas où la hauteur du poste de travail est proche du sol, sans possibilité de modifications. Une utilisation prolongée dans une même position s’avérant inconfortable pour les genoux et les jambes, ce siège permet à l’opérateur de varier les positions de travail. Assis-agenouillé Siège à assise inclinée, avec appui des genoux réglable en hauteur. Solution d’appoint temporaire, ce type de siège doit être combiné avec l’utilisation d’un siège « assis normal ». En utilisation prolongée, la pression sur les genoux peut s’avérer inconfortable et douloureuse. Un glissement progressif de la région fessière vers l’avant peut encore rendre la position difficile à tenir. Siège sur axe mobile Type d’assise dynamique monté sur un axe Ces types de siège présentent un risque de mobile ou sur un ressort. basculement sur l’arrière ou sur les côtés. * Il s’agit de quelques types d’assise particuliers, parmi d’autres possibles, non exclusifs de solutions d’aménagement ou d’organisation complémentaires. Ces exemples peuvent constituer des repères pour guider la réflexion concernant la recherche d’une amélioration du confort et de la sécurité dans des situations spécifiques. Moins on bouge, plus c’est pénible veau projet). Il est établi avec la participa- guide en intégrant notamment : tion des personnels concernés pour prendre les aspects temporels, par exemple la La pénibilité croît avec l’immobilité. en compte l’ensemble des déterminants de L’impossibilité de bouger accroît l’inconfort la situation (voir figure 3). durée du travail à ce poste, de n’importe quelle position. Et il n’y a pas Le cahier des charges fonctionnel est (notamment la hauteur du plan de travail construit sur la base d’une analyse préala- et l’espace disponible pour les jambes), de position idéale. la dimension de la zone de travail ble de la situation et des activités de travail la dimension des objets à manipuler, rédigé à partir de la situation de travail exis- (voir figure 4, page suivante). la nécessité d’approvisionnement et/ou tante (lors d’un réaménagement) ou d’une À cet effet, les exigences fixées par la situation similaire (lorsqu’il s’agit d’un nou- norme EN ISO 14738 [7] peuvent servir de Le cahier des charges fonctionnel doit être d’évacuation de produits, la morphologie des utilisateurs potentiels, ED 131 Fiche pratique de sécurité 4 les exigences de force, de stabilité et de coordination, Comme l’illustre la figure 4, c’est par l’analyse des activités réelles de travail que l’on les exigences de vision et de communication, parvient à éclairer les contraintes du travail, la fréquence et la durée des mouvements ce en quoi les moyens sont inadaptés aux du tronc, de la tête et des membres, la nécessité de se déplacer entre les postes de travail, objectifs, à déterminer la position de travail principale, et à rechercher des principes de solutions spécifiques tenant compte au la possibilité d’adopter différentes positions. plus près des caractéristiques de la situation et des personnels. Le choix du moyen d’assise et la définition de l’organisation posturale doivent : rechercher un bon équilibre entre les mouvements du corps et une immobilité prolongée, PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT DE SITUATIONS DE TRAVAIL Remarques rester dans les limites anatomiques ou physiologiques eu égard à la fréquence, la Une situation doit être aménagée pour vitesse, la direction et la gamme des mou- qu’on puisse y travailler debout ou assis vements du tronc ou des membres, (voir figure 5). Il est néanmoins fréquent de éviter que les mouvements exigeant une constater qu’un travail est effectué debout, grande précision n’imposent un effort mus- même de façon transitoire, alors qu’il pour- culaire important, rait aussi bien être effectué assis (et inver- prévoir des dispositifs de guidage, selon sement). C’est la raison pour laquelle la le cas, pour faciliter l’exécution et la succes- position assis-debout devrait être recher- sion des mouvements, en complément du chée plus systématiquement. choix du moyen d’assise. Figure 5. Il est toujours préférable d’aménager • La norme NF EN 527-1 donne les caractéristiques du gabarit à respecter pour le passage des membres inférieurs [12]. • Le cahier des charges d’aménagement du poste doit prendre les dispositions nécessaires pour que les personnels ayant à utiliser un siège assis-surélevé puissent aussi travailler confortablement en position debout. • La directive machine 2006/42/CE prévoit que « le cas échéant et lorsque les conditions de travail le permettent, les postes de travail faisant partie intégrante de la machine doivent être conçus pour l’installation de sièges » (Annexe 1.1.7). la situation de travail de façon à faire dispaQuelle que soit la solution adoptée pour raître les contraintes plutôt que d’avoir à Le siège doit être adapté, non seulement aménager au mieux la situation, il est indis- s’ajuster à elles. Le cahier des charges à la variabilité morphologique des indivi- pensable de prévoir dans l’organisation du « machines » doit, par exemple, intégrer le dus, mais à la nature de la tâche. travail une « période de repos suivant une moyen d’assise et, notamment, laisser la À cet égard, des moyens spécifiques d’as- période d’activité permettant aux muscles place nécessaire au passage des membres sise demandent à être mis en place. de récupérer » [8]. inférieurs. Remarque Un siège sur « colonne ajustable », assorti lorsque c’est possible, d’un plan de travail à hauteur réglable, permet une meilleure adaptation aux contraintes particulières liées à l’accessibilité et à l’encombrement, par exemple sur des postes de check-out ou d’encaissement des caissières de magasin,d’agents en poste dans les cabines de péage… (voir figure 6). Figure 4. Arbre de détermination de la position de travail principale et recherche des moyens d’assise correspondant (adapté de la norme NF EN ISO 14738). 5 Fiche pratique de sécurité ED 131 Figure 6. – de s’assurer que le plan de travail est marqué CE s’il est mû électriquement. • Des exigences similaires de réglage haut existent dans de nombreuses autres activités où, même en position debout, l’opérateur doit pouvoir ajuster la hauteur du plan de travail, compte tenu des dimensions des pièces à travailler, des exigences particulières, notamment de force, et selon sa morphologie. Pour les activités sur écran de visualisation, on gagne à mettre en place des plans de travail ajustables en hauteur et de manière telle à ce que les personnels, lorsqu’ils en expriment le besoin, puissent passer d’une position assise, à la station debout (voir figure 7). Remarques Dans certains cas, le travail en station debout facilite le travail collaboratif. • Des précautions particulières doivent être prises pour ce type d’aménagement afin d’éviter tout risque lors du réglage de hauteur. Il convient à cet effet : – d’installer le plan de travail à au moins 100 mm de toute surface mitoyenne, Figure 7. BIBLIOGRAPHIE [1] L’exposition aux risques et aux pénibilités du travail de 1994 à 2003. Premiers résultats de l’enquête Sumer 2003. Décembre 2004. DARES. Téléchargeable sur le site Internet : www.travail.gouv.fr [2] Prévisions des experts sur les risques physiques émergents liés à la sécurité et à la santé au travail. FACTS, n°60. Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail. Téléchargeable sur le site Internet : htt://osha.europa.eu. [3] Travailler assis ou debout ? Association paritaire pour la santé et la sécurité au travail. Téléchargeable sur le site Internet : www.aspme.org. [4] Le dos, mode d’emploi. ED 761, INRS, 1993. [5] E. Viel, M. Esnault – Lombalgies et cervicalgies de la position assise. Conseils et exercices. Masson, 1999. [6] Travailler debout. Dossier web, INRS. Consultable sur le site Internet : www.inrs.fr. [7] NF EN ISO 14738 : Sécurité des machines – Prescriptions anthropométriques relatives à la conception des postes de travail sur les machines. [8] EN 1005-5 : Sécurité des machines – Performance physique humaine – Partie 5 : appréciation du risque relatif à la manutention répétitive à fréquence élevée. [9] Bruno Jouvin – Le siège de travail. Choix et utilisation. Les éditions d’ergonomie, 2006. [10] NF EN ISO 9241-5 : Exigences ergonomiques pour le travail de bureau avec terminaux à écrans de visualisation (TEV) – Partie 5 : aménagement du poste de travail et exigences relatives aux postures. [11] NF EN 1335-1/2/3 : Sièges de travail de bureau. [12] NF EN 527-1 : Mobilier de bureau - Tables de travail de bureau Partie 1 : dimensions. Auteurs : Jean-Louis Pomian (INRS), Jean-Louis Grosmann (CRAM Bourgogne Franche-Comté), Raoul Chabrier (CRAM Auvergne), Marianne Lemperiere (CRAMIF), Jean-Claude L’huillier (INRS), Yves Franckhauser (CTBA), Jean-Pierre Zana (INRS). Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles 30, rue Olivier-Noyer 75680 Paris cedex 14 Tél. 01 40 44 30 00 Fax 01 40 44 30 99 Internet : www.inrs.fr e-mail : info@inrs.fr • Fiche pratique de sécurité ED 131 • • • 1re édition (2008) • réimp. mars 2012 • 5 000 ex. • ISBN 978-2-7389-1610-5 • Illustrations WAG/Sally Bornot • Mise en pages Stéphane Soubrié © INRS. ">

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