Implication du secteur privé. bit contrats communautaires
Leçons tirées d’expériences de terrain
4.4.3. Implication du secteur privé
Si une communauté a besoin d’une assistance technique, elle peut faire appel à des municipalités, des Agences de développement, des ONG ou autres acteurs privés.
Dans ces 2 derniers cas, il sera nécessaire de préparer des contrats précisant bien les tâches à mettre en œuvre et les modalités de payement, en fonction des prestations fournies. Les règlements devront de toute manière être autorisés par la communauté, mais le partenaire privé devra aussi se protéger d’éventuelles exigences abusives. Il est souhaitable que le contrat soit approuvé par une tierce partie, l’administration ou le bailleur éventuel.
Les bureaux d’ingénieurs interviennent pour élaborer les projets et/ou superviser les travaux. Le premier type de contrat, préparation des projets techniques, sera plutôt passé avec la communauté, le second de préférence avec le bailleur ou les autorités pour assurer la qualité des travaux. Des directives peuvent être formulées pour la gestion des petits contrats, toutefois chaque contrat doit être adapté à son contexte. Certains projets ont élaboré des contrats type simples pouvant être utilisés par les communautés.
Encadré 16 : utilisation de bureaux privés
Afrique du Sud : la communauté a soit utilisé des plans préparés par l’administration locale soit fait appel à un bureau d’étude privé pour les plans et le suivi des travaux. Le recrutement des consultants se fit avec l’appui d’une ONG, mais les contrats furent signés par le Comité. Les conflits (payements, qualité) furent résolus par des discussions entre les parties contractuelles et un représentant de l’ONG.
4.4.4. Renforcement des capacités et formation des communautés
Un processus participatif est, avant tout, un processus d’apprentissage. A chaque étape, la participation, quel que soit son objet, cherche à renforcer les capacités, dans les domaines organisationnel et technique, mais aussi au niveau des négociations.
Toutefois, il y a des limites dans les aptitudes organisationnelles et techniques des OCB.
Celles-ci ne doivent être ni surestimées ni surévaluées au risque de décevoir aussi bien les communautés que les autorités. Les appuis techniques doivent donc être bien dosés, laisser prendre des initiatives pour renforcer les compétences en gestion ou en organisation, partager l’information avec l’ensemble de la communauté, etc.
Dans le cas de travaux communautaires HIMO, les communautés doivent comprendre les bases des relations contractuelles. Les populations des quartiers n’ont souvent pas l’habitude de travailler sur base d’accords écrits. Les clauses contractuelles doivent être expliquées et discutées avant la signature de l’accord.
L’organisation de base doit connaître ses propres limites, et savoir où trouver de l’assistance. Dans plusieurs pays, les ONG jouent un rôle important dans le renforcement
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des capacités des communautés de base, mais n’ont pas la compétence d’assister ces communautés à l’organisation de travaux HIMO, au recrutement de consultants techniques ou au travail avec des départements techniques dépendant d’autorités locales.
La formation des communautés peut être souhaitée dans les domaines suivants : m
Gestion d’une association, gestion de l’information, communication ; m
Formation technique pour les travaux de réhabilitation des infrastructures ; m
Fonctionnement et l’entretien des services et équipements, marketing, comptabilité ; m
Notions de contrat et capacités de négociation ; m Gestion financière, entrepreneuriats et accès aux micro-financements ; m
Hygiène, salubrité et premiers soins (liés aux travaux ou aux services) ; etc.
La formation communautaire doit rester ouverte au niveau des thèmes, et pouvoir répondre aux besoins exprimés par les bénéficiaires (ex : alphabétisation des femmes, planning familial, sensibilisation au SIDA, etc.). Ces formations sont généralement faciles à organiser avec des ONG spécialisées, et ont un impact important dans les relations entre la communauté et ses partenaires.
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Leçons tirées d’expériences de terrain
Une organisation communautaire doit être capable de définir des objectifs, préparer un plan d’actions, organiser des réunions, tenir une comptabilité, et préparer un budget et des contrats. La plupart des organisations n’ont pas l’habitude d’assurer ces tâches et ont besoin d’être guidées et formées pour acquérir ses compétences. Compte tenu du niveau d’instruction souvent faible, les formations en salle doivent être limitées au profit d’une formation « sur le tas » : ateliers, apprentissages ou visites d’échange avec des groupes ou des communautés travaillant déjà sur des bases contractuelles ou opérant les services concernés par la formation. Ces échanges peuvent se montrer très instructifs, tant sur le plan des capacités organisationnelles que sur le plan technique ou fonctionnel d’un
équipement ou d’un service. Ils permettent aussi, dans certains cas, de créer des réseaux, au niveau d’un groupe socioprofessionnel par exemple.
Encadré 17 : visites d’échanges
Togo : Dans ses programmes de formation, le projet PRICUR organisa de nombreux
échanges et rencontres entre quartiers ou entre villes (collecteurs d’ordures, femmes des marchés, agents et cadres municipaux). Ces échanges eurent des effets non prévus, notamment au niveau des femmes, avec la constitution d’un réseau de contacts entre plusieurs marchés de la capitale. Certains d’entre eux commencèrent à s’organiser, sur base de l’expérience de Nukafu…
Pour faciliter le processus de planification participative, la communauté doit avoir des notions de base sur les aspects techniques liés aux travaux. Ces notions peuvent être acquises par des réunions régulières sur l’élaboration des projets et des visites dans des quartiers possédant le même type d’équipement.
Une formation en gestion permettra à la communauté d’améliorer l’organisation de ces affaires internes et de lui donner la possibilité de négocier avec les autorités et d’autres structures. Il s’agit notamment de faire prendre conscience aux responsables de leur droits dans le cadre d’un contrat. Il est souvent constater que, malgré certaines clauses contractuelles, les responsables de comités ou d’associations n’oseront pas revendiquer ce qui leur est dû aux autorités, en cas de conflits.
D’autres compétences de base nécessaires sont la comptabilité ou la gestion matière. La communauté devra mettre en place un système de recensement des travailleurs sur le terrain, préparer des fiches de paye, suivre un chantier, assurer la comptabilité, contrôler le matériel dont elle est responsable, vérifier la comptabilité d’un gestionnaire, contrôler le bon entretien d’un équipement, assurer des mesures de réparation rapides, etc.
Dans le cas de travaux communautaires en HIMO, la plupart des travailleurs sont recrutés au sein de la communauté. Ceci ne pose généralement pas de problèmes pour les travailleurs non qualifiés, mais les travailleurs qualifiés ne sont pas toujours disponibles. Il est important de savoir quelles compétences sont disponibles dans la communauté (nombre, qualifications). Il peut aussi être utile d’offrir des formations sur le tas aux travailleurs non qualifiés pour accroître leurs compétences.
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Encadré 18 : qualification des ouvriers
Ouganda : dans le projet de Kalerwe, les travailleurs non qualifiés furent formés au cours du chantier comme maçons. Certains d’entre eux lancèrent par la suite de nouveaux chantiers dans d’autres quartiers.
Les communautés considèrent en général l’amélioration des compétences de leurs membres comme un des aspects les plus importants des contrats communautaires. Alors qu’un entrepreneur privé utilisera sa propre main-d’œuvre qualifiée extérieure, dans un contrat communautaire, les ouvriers qualifiés locaux seront utilisés autant que possible et les manœuvres auront plus de chance d’améliorer leurs compétences. Cette option dépendra bien entendu aussi de la complexité des travaux à réaliser.
Pour la réalisation de travaux en HIMO, l’organisation des chantiers est importante, surtout au niveau de la main-d’œuvre. Chaque groupe a besoin d’un chef d’équipe pour superviser le travail. Ces chefs doivent être formés aux méthodes HIMO, et avoir des connaissances techniques de base. Cette supervision est capitale dans les contrats communautaires, où la main-d’œuvre est souvent constituée de membres de la communauté sans expérience précise dans les travaux de construction.
Si le recrutement se fait par tirage au sort, les rotations doivent se faire régulièrement pour employer le plus grand nombre de manœuvres. Les chefs d’équipe peuvent être formés sur le tas par l’ingénieur ou le technicien senior responsable, mais une formation spécifique sur l’approche HIMO améliorerait leurs compétences. Des cours pour ces superviseurs ont été organisés dans certains programmes (Zambie, Madagascar, Afrique du Sud).
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